
Rivière Beas |
Avant d’arriver à Manali, je savais qu’il y avait deux parties à la ville: New et Old Manali.
New Manali, c’est la ville indienne moderne, chaotique à souhait comme toutes les villes indiennes.
Old Manali c’est le village au dessus, plus vieux que vieux avec ses maisons indo-népalaises en bois peint, un bon exemple de ‘ruralité indienne’ comme pourraient dire les ‘énarques’ du cru.
En bon touriste toujours a la recherche de l’authentique, je me suis dit : « Old Manali, c’est pour moi !! ».
Imaginez ma surprise quand le rickshaw me dépose au milieu ... de dizaines de « d’jeunes » en uniforme indo-teuffeurs-travellers-trekkers, dreadlocks a tout va, garçons et filles. Une espèce de Woodstock reggae dans l’Himalaya !!!!
C’est la partie inferieur du village qui a été changé et transmutationné, sur une rue et quelques centaines de mètres, en une version de l’Inde exclusivement destinée à plaire aux jeunes touristes occidentaux.
C’est un village pour teuffeurs hippies d’ou a été retiré tout ce qui peut irriter l’euro-américano-japono-israélien :
- les horribles éclairages au néon (98% de l’éclairage en Inde, ou presque)
- la saleté et les immondices en tout genre qui s’amoncellent partout entre les bouses de vache.
- La foule indienne dans toute sa majestique splendeur ! D’ailleurs ici, les seuls indiens sont les commerçants.
- Les commerçants agressifs qui ne comprennent pas le mot ‘non’, et qui veulent à tout prix vous attirer dans leur échoppe où tout est le meilleur et le moins cher de la ville, of course !
- Tout ces jeunes hommes qui insistent (eux non plus ne comprennent pas le mot ‘non’) pour devenir votre guide, votre nouvel ami qui va vouloir vous accompagner dans telle boutique de soieries, telle boutique de parfum,....
Rien de tout cela ici, juste pleins de petites boutiques sympas éclairées chaudement a l’incandescent, toutes bien propres et faciles d’accès, vendant l’essentiel vestimentaire pour 'd’jeunes' occidentaux en quête de vacances mystiques et de tecno-trance ; une succession de boutiquettes de change, de téléphonie, d’internet,... Des petites gargotes où boire du thé masala et manger occidental.
Un parc a thème de l’Inde pour teuffeurs blancs : « Indialand »
Le lendemain, j’ai traverse la vallée pour aller voir le village d’en face, Vashisht. Egalement teuffeurisé, mais un peu moins qu’Old Manali. Le temple de Ram est petit mais très vieux. Je ne suis pas entre dans le sanctuaire. A cote, Vashisht Temple a des bains alimentes par des sources d’eau chaudes. J’ai vu les bains et ai décidé de ne pas m’y baigner !!!!
En moins d’une heure de sentier, on arrive à une fort belle chute d’eau de facilement 250 mètres en trois sections. Pas beaucoup d’eau, mais assez quand même pour faire vraies chutes d’eau de l’Himalaya, et tout et tout.... C’est très pentu, très vert, et il y a des cousins de sapin et des rhododendrons tout autour, ainsi qu’un café/temple avec sâdhus et deux ou trois touristes. Je m’arrête un bon moment pour admirer la vue et reposer mes jambes d’alpiniste parisien. La vue est magnifique. La rivière Beas au fond de la vallee, Old Manali en face sur les hauteurs, et l’immense façade de la montagne. Sous un soleil éclatant, je bronze ayant depuis longtemps retiré la chemise ! Et il fallait voir le Michel à demi nu tel un dieu des alpages à coté de la chute d’eau, faisant rouler les muscles sous le soleil d’Himachal, au milieu des rochers sur la pente verte.
Dire qu’en des temps si lointains qu’ils en sont légendaires, Shiva lui même a foulé ces rochers, et par son troisième œil a inondé la vallée de la force de Brahman !
Apres une semaine béatifique, un allemand habitant la région depuis dix ans et avec qui j’avais sympathisé, m’a emmené rendre visite a sa femme indienne et son fils dans la vallee de Tirthan, a une centaine de kilomètres au sud de Manali. Changement de décor humain : aucun touriste, seulement un autre couple allemand là pour le calme et la méditation, et une institutrice quinqua anglaise et son boy-friend indien de vingt cinq ans !!! Beaucoup plus sauvage et tout aussi superbe que la vallée de Kullu où est Manali, nous sommes ici dans la zone tampon qui protège le Grand Parc National de l’Himalaya.
La rivière Tirthan est un torrent de montagne aux eaux bleues-vertes venant des glaciers loin la haut dans les nuages.
Apres 12 jours dans la fraicheur des cimes, et douze heure dans un bus, je suis arrive a Delhi ou un train m’attendait pour rejoindre Agra : Taj Mahal, le fort d’Agra, Fatehpur Sikri… ce sera pour la prochaine fois….
Ce soir, train de nuit pour Vârânasî (Bénarès).
A propos de Manali et de plusieurs vallées de l’Himachal, où la Ganja pousse partout aussi!!
« Charras » est le mot Hindi pour ce qu’on appelle ‘haschish’ en arabe et ‘résine de cannabis’ sur France Info.
La plante pousse partout. PARTOUT : bas cotés de routes, dans les champs et les terrains vagues, dans les villes et villages,… partout, je vous dis !!!
Le Charras de Manali est reconnu comme le meilleur, et la « crème » est le meilleur du cru. Les villageois, et il y a BEAUCOUP de villages, tirent leur revenus des pommes, des poires, et du Charras. Pour certains biens hauts dans la montagne, uniquement du Charras ! Avant l’arrivée de la consommation occidentale il y a peut être une vingtaine d’années, la production était consommée localement ou exporté à travers toute l’Inde. Et le monde !
Tout cela est bien sûr illégal aux yeux des gouvernements d’Himachal et de New Delhi. Mais alors, comment expliquer que Old “Indialand” Manali soit une grande ‘coffee shop’ à l’échelle d’un village où le touriste peut rapidement acheter à un gars du coin ce qu’il va béatement fumer dans un des ‘cafés’ pourvus à cet effet ?
Comment cette culture traditionnelle à grande échelle d’une substance prohibée peut elle continuer ?
Les cyniques regarderont du coté commercial de la chose : les « autorités » regardent ailleurs vers les enveloppes qu’on leur passe pendant que les commerçants de la région ramassent les roupies/euros/dollars/shekels des hordes de d’jeunes fumeurs qui viennent à la montagne pour le bon air !
Mais moi je suis pour l’explication légendaire :
Il y a bien longtemps, Shiva se baladait dans les montagnes à la recherche d’un coin sympa pour faire une de ses méditations. Et attention, quand Shiva médite, c’est pas vingt minutes pendant la pause au bureau. C’est tout l’hiver à poil en haut d’une montagne !!!
Donc Shiva arrive dans ce petit village, peut-être Kalpa dans la vallée de Kinnaur à l’est de Manali, et dit qu’il a soif. Illico presto on lui apporte un onctueux breuvage, un « bhang lassi ». « Bhang » est le nom antique de la ganja (‘ganja’ est également indien avant de passer chez les rastas) à une époque où on ne fumait pas la chose mais où on la dégustait en lassi.
Et Shiva aime. Il aime beaucoup. Les méditations sont sublimes et il se surpasse. Il aime tellement le village et son lassi qu’il reste mille ans !
A Bhubaneswar dans l’Orissa sur le golfe du Bengale, il y a un grand temple du Xème siècle nommé le Lingaraj Mandir dédié à Tribhuvaneswar, le « Seigneur des Trois Mondes », c’est à dire Shiva. Le temple est interdit aux non-hindous, et même Indira Gandhi quand elle était premier ministre s’en est vue refuser l’accès parce que son mari était Parsi. C’est vous dire que c’est du sérieux !! L’idole dans le sanctuaire est un lingam unique en ce qu’il est « Hari Hara », moitie Shiva-moitie Vishnu.
Le lingam est lavé tous les jours à l’eau, au lait et au bhang.
En Inde, les sâdhus sont les seuls qui ont le droit de fumer du charras, et d’en acheter et d’en vendre, en public même devant la police. Et les sâdhus sont des apprentis Shiva, lui qui est le sâdhu suprême !
Et vous voudriez dans ces conditions que quelque obscure fonctionnaire policier à New Delhi se prenne des envies répressives et éradicatrice, et aille ainsi à l’encontre de la sanction du dieu !!????!!
I already knew there were two Manali: New Manali and Old Manali.
New Manali is the contemporary Indian town, chaotic as can be, like any Indian city. Old Manali is the village above, older than old with its painted wooden houses in the indo-nepali style (this style may not exist, but I enjoy coming up with a descriptive like this!). In a way, a good example of mountainous rural India. Only in a way: the following week I got to see the equivalent village in a non-tourist valley, and the difference in standard of living was evident.
As a good tourist in search of authenticity, I said to myself: “That Ol’ Manali’s the thang for me!”. Imagine my surprise when the rickshaw, after ten hours on the bus from Shimla, drops me in the middle of… dozens of western ‘youff’ in their best hippie-raver-travellers-trekkers regalia,with dreadlocks galore for both boys and girls. A reggae Woodstock in the Himalayas!!!
It’s the lower half of the village that has been transformed, mutated into a version of India destined exclusively to appeal to the white western tourist, and this along one street and a few hundred meters.
It’s an international hippie village where everything Indian that could irritate or displease the euro-american-nippon-israeli tourist has been removed.
To wit:
- None of the horrible fluorescent tubes that light up 98% of India.
- No dirt, garbage, filth or shit.
- No Indian crowd in its majestic splendor. The only Indians here are the shopkeepers.
- No pushy merchants unable to understand the word ‘no’, only interested in getting you into their shop where everything is of course the cheapest and best in town.
- No predatory touts and would-be guides only in this to get you to shop somewhere where they get a commission, and also unable to grasp the word ‘no’.
None of this in Old Manali, just cute and clean little shops, warmly lit with soft incandescent bulbs, all clean with easy access, no pressure, all selling the required uniform for the western youths looking for mystical holidays and tekno-trance; All along the acclivitous streets is a succession of tiny shops changing anything into rupees, providing telephones and Internet connections, where to drink masala tea and eat western along with carefully selected Indian foods.
An India theme park for white ravers: ”Indialand”!!!
The next day, I crossed the valley to go to the village on the other side, Vashisht, also ‘raved up’ but not quite as much as Old “Indialand” Manali. The Ram Temple is small and very old, but I did not enter the inner sanctum. Next to it, Vashisht Temple has baths fed by hot water springs. I took a long hard look at the pools and decided NOT to bathe!!!
Following a trail out, I reached a beautiful waterfall, easily 250 meters high in three sections. No Niagara Falls, but enough water to make it look real impressive and Himalayan! On a sharp incline, very green, surrounded by pine trees and rhododendrons, there’s even a café-temple with some saddhus and tourists drinking tea and sodas. I stopped for a while to admire the view and rest my Parisian alpinist legs. The view is stunning.
The Beas river down below is a silver streak, Old Manali shines in the sunlight, and the opposite mountainside is most impressive. Under the hot sun, I work on my tan having long ago jettisoned my shirt. And you should have seen Michel, half naked like an alpine god beside the waterfall, working his muscles in the Himachal sun, amidst rocks and green meadows.
To think that in times so ancient they’ve become legendary, Shiva himself walked in these mountains, and through his third eye bathed the entire valley with the force of Brahman!!
A beatific week later, this German fellow I befriended and who had lived here for the past ten years took me 100 kilometers south to the Tirthan Valley where lived his Indian wife and child. Big change of pace here. No tourists, no cyber cafés, no shops, bad roads, small villages lost on the mountainsides. The only euros were a German couple here for peace and meditation, and a fiftyish English schoolteacher and her twenty-something Indian boyfriend! Much wilder and even more beautiful than Kullu Valley and Manali, we are here in the eco-buffer zone protecting the Great Himalayan National Park. The Tirthan River is a mountain torrent with blue-green waters, filled with trouts, roaring down the valley from the glacier that gave it birth way up there under the clouds.
After twelve days in the cool mountain sun, I took another 12-hour bus ride back to Delhi where a train to Agra awaited me.
Taj Mahal, Agra Fort, Fathepur Sikri, oppressive heat…. That’s for next time.
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Beas river |